La gauche et la Laïcité, histoire d'une trahison abjecte, de la compromission à l'islamo-collaborationnisme crasse

La gauche et la Laïcité, histoire d'une trahison abjecte, de la compromission à l'islamo-collaborationnisme crasse


« Tous les peuples de la Terre ont une religion, lien subtil que leurs chefs ont tissé pour les enchaîner. » 
Ainsi s’exprimait Marat, homme des Lumières, on l’oublie trop souvent, dans son Projet de Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen suivi d’un  Plan de Constitution juste, sage et libre, en 1789. Celui qui allait être l’un des plus fougueux porte-voix de la gauche posait la question centrale de la liberté. Le révolutionnaire qui justifiait que pour exister et se nourrir, l’homme spolié pouvait légitimement faire usage de la violence, le révolutionnaire attaché à « la République sociale » déclarait, par-là même, que le préalable était la liberté, que la conscience ne pouvait être entravée. Il pourfendait ici « les Églises » et leur lien indéfectible avec les pouvoirs temporels qui les protégeaient en même temps qu’ils étaient légitimés par elles.

Je ne reviendrai pas dans cet article sur le combat des Lumières, bien évidemment essentiel, mais ainsi je pourrai développer les modalités politiques d’un combat contre l’emprise religieuse sur les consciences – emprise s’appuyant du reste sur les manifestations publiques du culte – en m’en tenant à une classification « gauche / droite ».

Nous assistons depuis 40 ans à une grave dérive de la gauche : l’économisme, qui ne prend en compte que la seule question sociale, complètement décorrelée de la question politique, ce qui n’a strictement aucun sens. Dans cette conception limitante, et donc limitée, la question sociale est circonscrite aux « seules » conditions matérielles ; une politique de l’aumône, même très généreuse, ne saurait être confondue avec la réalisation de l’égalité et de la République sociale. Bien évidemment, ceux que nous appellerons les « islamo-collaborationnistes » ont parfaitement conscience qu’il ne peut y avoir d’égalité sans liberté, aussi, ils participent à, théorisent même, un dévoiement du principe de liberté et alimentent allégrement des confusions ineptes entre liberté de culte et liberté religieuse, liberté religieuse et laïcité. Or, avant les années 70 ou 80, jamais dans l’histoire les personnalités de la gauche n’ont coupé la laïcisation (de la société) de la question sociale, jamais dans l’histoire les personnalités de la gauche n’ont coupé la liberté de l’égalité, jamais dans l’histoire les personnalités de la gauche n’ont versé, en France, dans le moindre relativisme à l’endroit de la religion, au détriment de la Res publica

Si chacun dispose d’un droit égal à la liberté, sans quoi elle n’est qu’un leurre, si la liberté est un lien social, elle est aussi la condition sine qua non à l’égalité, sans laquelle cette dernière est impossible. Nous nous attèlerons ici à observer et analyser cette perspective chez les protagonistes de la gauche, depuis la Révolution française, durant le XIXème siècle et bien évidemment dans le combat qui (ré)aboutit en 1905. Nous prendrons alors la mesure des multiples trahisons de la gauche depuis quatre décennies, et c’est ce que je m’évertuerai à démontrer.
 
De la réforme religieuse à la laïcisation de la société

Dès la Constituante[1], les députés s’attelèrent à la question religieuse. Nous relèverons bien sûr le duel Dom Gerle / Mirabeau, ce dernier – qui ne fut pas, loin s’en faut, de l’aile gauche du « parti patriote – s’opposant à ce que l’on déclarât le catholicisme religion d’État. Ici, il faut relever l’idée que, dans le mouvement révolutionnaire, on entendait libérer l’État des Églises, d’une en particulier, mais point encore séparer les deux entités. Ainsi, on établit de facto « une « Église nationale » avec la Constitution Civile du Clergé le 12 juillet 1790, soutenue notamment par le très patriote[2] abbé Grégoire. La loi civile, la loi établie par les Hommes, était enfin et désormais supérieure au dogme religieux, celui-ci étant limité au culte ; d’ailleurs, la liberté de culte, protégée par la loi, était circonscrite par celle-ci[3] et s’exerçait dans les lieux de culte, nous y reviendrons. Face à l’hostilité de nombre d’ecclésiastiques, on imposa le serment civique que devait prêtait tout ecclésiastique, élu par les citoyens, serment de fidélité à la Nation, à la Constitution, à la Loi.

La Révolution française allait mener une lutte acharnée contre les « réfractaires », ces prêtres et ces évêques non-jureurs, qui se serviraient de la religion comme ciment de la Contre-Révolution. Dans les clubs politiques puis sociétés populaires – des associations de citoyens ou l’on débattait des questions politiques et où l’on s’en appropriait l’exercice – la question sociale n’effaça jamais celle du combat absolu contre les réfractaires, le fanatisme religieux. Prenons l’exemple de la société des Antipolitiques d’Aix[4]. Ce club d’extrême-gauche qui lutta sans faiblir contre les « accapareurs » et les « agioteurs » n’accorda jamais la priorité à la question sociale au détriment de la libération de la société, de la Nation, de l’emprise religieuse. D’ailleurs, bien avant l’avènement de la République, bien avant la « déchristianisation de l’an II », les artisans et cultivateurs qui s’établirent en cercle antipolitique proclamaient, le 1er novembre 1790 : 

« Cette vraie religion ne réside que dans vos cœurs, et ne demande à vos esprits et à vos consciences que des actes vrais, justes et utiles à la Patrie. Aucune religion extérieure n’a d’emprise à former contre vous. » 
En même temps que l’on déclarait que la foi était affaire privée, que le dévouement à la Révolution et à la Patrie était seul nécessaire, on participait à établir une « religion civique » – qui s’appellerait plus tard République » – et l’on affirmait avec une fougue qui défroquerait jusqu’au plus réfractaire des « non-jureurs » un anticléricalisme de choc.
            
L’entrée en République – 22 septembre 1792 – serait l’occasion d’accélérer le processus de laïcisation de la Nation, laïcisation sans négociation, et d’opérer une « radicalisation » des positions tant l’Église catholique se montrait hostile au processus révolutionnaire – le Pape avait même condamné… la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ! Évidemment, sur cette courte durée, il faut prendre la mesure d’une évolution certes radicale, mais progressive. Ainsi, les Antipolitiques d’Aix, qui, en 1791, avaient déjà pétitionné à l’Assemblée Nationale afin qu’elle supprimât toute pension aux réfractaires, délibéraient le 5 octobre 1792 « de faire pétition à la municipalité afin qu’elle fasse une proclamation qui ordonne que les prêtres ne paraissent plus en public en soutane. » Du pré-fascisme probablement. Une mesure parmi tant d’autres… Si cela dépasse le seul cadre de l’anticléricalisme, relevons que ce n’est pas décorrélé d’autres éléments essentiels et concernant la Nation tout entière. Pensons au très à gauche Le Peltier qui avait pris fait et cause contre « les crimes imaginaires » – il attaquait frontalement le délit de blasphème – et qui, dans son discours du 30 octobre 1792, défendait la liberté illimitée de la presse. On doit à ce député montagnard, premier « martyr de la Liberté », un Plan d’éducation publique et nationale qui promouvait, déjà, l’enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire, commun aux garçons et aux filles !

La Laïcisation accentuée par la jeune République française, c’est bien évidemment le mariage civil et l‘état civil – loi des 20-25 septembre 1792, qui réalisait une promesse de la Constitution de 1791. Relativement au mariage, l’on avait déjà décrété que le clergé ne pourrait « porter la moindre opposition » sous peine de déportation – décrets des 19 juillet et 12 août 1792 ; oui, à l’époque, la France républicaine en devenir savait se battre contre les religieux qui refusaient l’ordre civil établi par la loi. Cela nous change aujourd’hui des « mariages » contractés, en violation de la loi, publiquement, jusqu’en prison et en toute impunité, devant un imam… Le mariage, fruit de la volonté des époux, voyait la manifestation de l’opposition réduite « aux seuls dont le consentement est requis ». On affirmait, en écho au « droit naturel », source de la Déclaration des Droits de l’Homme, et en écho à la philosophie des Lumières, qu’il était « fondé sur la nature, sur la raison, sur la justice, », ajoutant que le divorce, décrété par consentement mutuel, en était « le surveillant et le modérateur. » 

La volonté de laïciser la Nation et d’émanciper la République pouvait également se lire dans la proposition de Cambon, député du « côté gauche[5] », de supprimer le budget des cultes  – proposition du 13 novembre 1792 alors ajournée. Cependant, un an plus tard, la Convention établissait l’une des dispositions les plus éminentes de ce processus de laïcisation : le calendrier républicain ! C’est le projet de Fabre d’Églantine, député du côté… gauche, que la Convention retint. Le calendrier républicain, adopté en octobre 1793, en gommant toute référence religieuse, ne se limitait pas à rationaliser la mesure du temps, il faisait entrer le temps dans une phase de sécularisation absolue, consacrant la Nature et la Raison.

L’an II (22 septembre 1793-22 septembre 1794) vit par ailleurs un vent puissant de déchristianisation. Celle-ci, faite notamment de mascarades et d’autodafés, fut brutale voire violente. Elle ne fut pas une politique de l’Assemblée, qui a contrario la combattit, mais fut initiée par la gauche et l’extrême-gauche, portée par exemple par les Cordeliers, avec des figures tels Hébert. Des personnalités politiques importantes s’y reconnurent, ainsi Fouché, représentant en mission dans la Nièvre, qui justifia au comité d’instruction public, proche des hébertistes, la nécessité d’enseignement laïque car « toute religion avilit l’homme et le dégrade ». Lui qui qualifiait les prêtres de « charlatans », fit par exemple, dans la Nièvre au côté de l’éminent cordelier Chaumette, adopter l’interdiction des prénoms issus du calendrier religieux. Chaumette avait fait interdire… les rites religieux à l’extérieur des églises ! Avant que Fouché, qui avait mené une répression sanglante de Lyon, ne soit rappelé le 7 germinal an II (27 mars 1794) par Robespierre, opposé à la déchristianisation, il adressa à Chaumette une correspondance dans laquelle il lui écrivit : « Le fanatisme est foudroyé. » Ces hommes qui, certes ne rechignèrent pas à l’usage de la violence, dans un contexte de Contre-Révolution elle-même violente et d’une guerre civile terrible, avaient porté des avancées sociales importantes. Billaud-Varenne lui-même, qui, le 9 juin 1793, réclamait que l’on exemptât constitutionnellement les citoyens réduits à « l’absolu nécessaire » de toute contribution directe, avait déjà écrit en 1789 une critique des textes bibliques, scandait son opposition à une approche dogmatique de la théologie – Le dernier coup porté aux préjugés et à la superstition.
                 
À Aix, le 11 germinal an II (31 mars 1794), en plein cœur de la déchristianisation, les Antipolitiques, farouches partisans du Maximum des prix, se félicitaient « que les prêtres qui étaient encore dans cette Commune ont abdiqué leurs fonctions et que la raison et la philosophie ont renversé tous les cultes » – ils se félicitaient également que « les citoyens attachés au culte israélite » avaient fait d’eux-mêmes l’abandon, vraisemblablement des fonctions de rabbins.

Cette hostilité à l’encontre des manifestations publiques de la religion et, osons le mot, du prosélytisme, ce refus de la religion prétextée comme obstacle à la norme républicaine et comme concurrence de la loi civile, ne fut pas, loin s’en faut, l’exclusive des « déchristianisateurs ». Même Robespierre, grand défenseur de la liberté de culte, Robespierre, l’homme qui pensa la République démocratique et sociale, affirma dans son Rapport du Comité de Salut Public à la Convention Nationale lors de la séance du 18 floréal an II (7 mai 1794) alors que les députés étaient en train de tourner la page de la « vague de déchristianisation » et que l’on promouvait le culte de l’Être suprême : 

« Que la liberté des cultes soit respectée, pour le triomphe même de la Raison, mais qu’elle ne trouble point l’ordre public et qu’elle ne devienne un moyen de conspiration. Si la malveillance se cachait sous ce prétexte, réprimez-là. » 
Il n’était pas question pour le républicain du « côté gauche » qu’il était, rousseauiste notoire et déiste convaincu, adversaire de l’athéisme de surcroît, que la liberté de culte et le prétexte fallacieux de la tradition ne pussent faire peser quelque menace sur la République française. 

Saint-Just, dont on rappelle – trop ? – systématiquement qu’il était proche de Robespierre, Saint-Just, l’homme des « décrets de Ventôse » (26 février et 3 mars 1794) qui exhortait à abolir « la mendicité qui déshonore un état libre », ne mit jamais en concurrence avec l’importante question sociale ce grand-œuvre de laïcisation portée par la Révolution française, bien au contraire. Ainsi, on peut lire dans ses Fragments sur les institutions républicaines (1793-1794) : 

« Tous les cultes sont également permis et protégés. Mais, dans aucuns des engagements civils, les considérations de culte ne sont permises, et tout acte où il est parlé de culte est nul. » 
Poursuivons, et c’est capital :

« Les temples publics sont ouverts à tous les cultes. Les rites extérieurs sont défendus [interdits] ; les rites intérieurs ne peuvent être troublés.
Le prêtre d'aucun culte ne peut paraître en public avec ses attributs, sous peine de bannissement. » 
De la cathopobie et de la judéophobie primaire qu’on vous dit… Ah mais pardon, pour une certaine gôche, on peut frapper de tous les interdits toutes les religions, sauf l’islam ! Revenons-en à la Révolution française. 

C’est dans l’après Thermidor – la chute de Robespierre et ses amis – et dans le cadre d’une configuration politique qui voyait l’alliance de la carpe et du lapin que la Convention vota enfin, en septembre 1794, la proposition de Cambon de supprimer le budget des cultes. Et alors que l’on avait rappelé le libre exercice des cultes et la nécessité de leurs protections, sur les sollicitations de Grégoire notamment, on accentua et on aboutit, enfin, à la laïcisation de la société par la loi, le 21 février… 1795. Oui, c’est pendant la Révolution que la France républicaine proclama avec force et vigueur la séparation pure et simple des Églises et de l’État. Les articles ne sont pas sans rappeler nombre de revendications des sociétés populaires – notamment des Antipolitiques d’Aix – voire, d’une certaine manière, des « déchristianisateurs », bien que l’article premier rappelle que conformément à l’article VII de la déclaration des droits de l’homme[6], et à l’art. CXXII de la constitution, l’exercice d’aucun culte ne peut être troublé. Effectivement, la loi de 1795 préservait l’espace public de la manifestation religieuse ; pour exemple :

Art. IV. Les cérémonies de tout culte sont interdites hors de l’enceinte choisie pour leur exercice.
Art. V. La loi ne reconnaît aucun ministre de culte : nul ne peut paraître en public avec les habits, ornements ou costumes affectés à des cérémonies religieuses.
Art. VII. Aucun signe particulier à un culte ne peut être placé dans un lieu public, ni extérieurement, de quelque manière que ce soit. Aucune inscription ne peut désigner le lieu qui lui est affecté. Aucune proclamation ni convocation publique ne peut être faite pour y inviter les citoyens.
De la même manière que la Constitution de 1793 fut le point de référence des républicains sociaux et des démocrates durant tout le XIXème siècle, la loi du 21 février 1795 fut le modèle des combattants laïques, qui furent d’ailleurs les mêmes. Rappelons du reste que la bataille contre le Concordat fut le dernier combat des républicains avant l’établissement du Ier Empire, Concordat qui fut une mise au pas des institutions religieuses, placées sous l’autorité de l’État. Le paroxysme de ce combat laïque des républicains au XIXème siècle fut peut-être atteint en 1850. Il vit jouter à la Chambre le très catholique Comte de Falloux et le député désormais républicain Victor Hugo[7]. Le Ministre de l’Instruction Publique Falloux avait exprimé clairement sa pensée cléricale et son projet politico-religieux – tautologie – : 

« Dieu dans l’éducation, le Pape à la tête de l’Église, l’Église à la tête de la civilisation. » 
Hugo, qui avait parfaitement saisi les enjeux, mais du point de vue opposé, Hugo, qui voulait une École primaire obligatoire et laïque, avait scandé : 

« L’État chez lui, l’Église chez elle ! » 
Ce sont, 20 ans après, les Communards qui reprendraient le flambeau, en posant les fondations d’un « programme » laïque et social. J’écris d’abord laïque car il est illusoire de soutenir que l’on pourrait établir l’égalité dans un régime politique où la religion qui, par essence, est inégalitaire et monarchique, serait un référent politique, culturel, juridique et social. La charité ou l’aumône, l’égalité dans la soumission à un dieu – et accessoirement à ses représentants et ceux qui prétendent parler en son nom, si tant est qu’il existe, ne sont ni l’égalité, ni la solidarité, ni la démocratie. Certes, même les libéraux et les « socio-conservateurs » ont fait du « combat laïque » un fer de lance, et même si leur vision de la liberté peut être circonscrite à des critères précis, même si les néo-libéraux peuvent aujourd’hui affirmer que l’égalité est un frein à la liberté d’entreprendre, cela ne signifie pas que l’on pourrait établir l’égalité dans un régime sans liberté ; c’est un leurre ! Ainsi, la Commune exigea la séparation pure et simple des Églises et de l’État, l’établissement d’une École laïque, … Ils me font rire, les bobocrates néo-anarchistes aujourd’hui, qui défilent le poing tendu dans les facs, affichent comme avatars sur leurs réseaux sociaux le portrait de Che Guevara, chantent Bella Ciao, crient surtout « ni dieu ni maître », sauf s’il s’appelle Allah… Les Communards doivent se retourner dans leurs tombes, depuis que la gauche leur pisse dessus !
 
L’un des premiers hommes politiques de premier plan à s’être battu pour l’amnistie des Communards fut Clemenceau. Clemenceau, républicain radical qui avait exhorté à traiter l’importante question sociale, Clemenceau, « le bouffeur de curé », le laïque que toute une partie de la gauche déteste, car « le casseur de grève » fit tirer sur des ouvriers. Alors, faisons un pas de côté, sur la gauche, pour céder la parole à l’un des plus grands théoriciens de la République sociale, un homme adulé par la gauche de la trahison et de l’islamo-collaborationnisme, le grand Jean Jaurès. Écoutons-le, écoutons ce que ces héritiers traîtres passent sous silence. En plein combat de la France républicaine contre le « parti clérical », alors même que le bloc des gauches s’évertue à proposer un texte de loi traduisant en droit une volonté et un principe politique, la laïcité, Jaurès déclame, le 3 mars 1904 : 

« Nous combattons l’Église et le christianisme parce qu’ils sont la négation du droit humain et renferment un principe d’asservissement humain. » 
Chacun appréciera la nature modérée et relativiste de la déclaration, n’est-ce pas ? Le même Jaurès devait poursuivre dans cette dynamique d’accommodement de la manifestation religieuse lorsqu’il justifiait, en 1905, son soutien au projet de loi rapporté par Aristide Briand : 

« Et c’est en dressant contre ces Églises, la grande association des Hommes travaillant au culte nouveau de la justice sociale et de l’humanité renouvelée, c’est par-là, et non par des schismes incertains[8], que vous ferez progresser ce pays conformément à son génie ! » 
« En dressant contre », tu parles d’un appel au… Comment disent-t-ils déjà aujourd’hui ? ah oui, au dialogue, à l’apaisement… Que nenni ! Jaurès, comme ses illustres prédécesseurs, avait raison : il faut se dresser le poing serré ou le glaive à la main. Avant les trahisons de la gauche française ces quatre dernières décennies, seul le gouvernement de Vichy avait remis en cause la République laïque.

Les trahisons les plus manifestes, suite aux compromissions les plus basses, on les observe à l’École, depuis l’affaire des voiles islamiques de Creil en 1989 et la démission lâche du ministre de l’Éducation Nationale de l’époque, Lionel Jospin. Pour sûr, Jospin n’avait rien appris de la leçon d’un éminent prédécesseur, Jean Zay. Le Ministre du Front Populaire, dans un contexte de surcroît où les ligues fascistes menaient un combat virulent – qui n’est pas sans nous rappeler celui des groupes islamiques aujourd’hui, au premier rang desquels les frères musulmans –, le Ministre du Front Populaire, qui appelait les recteurs à sanctionner strictement la propagande politique, s’empressait d’ajouter dans sa circulaire du 31 décembre 1936 :
 
« Il va de soi que les mêmes prescriptions s’appliquent aux propagandes confessionnelles. L’enseignement public est laïque. Aucune forme de prosélytisme ne saurait être admise dans les établissements. Je vous demande d’y veiller avec une fermeté sans défaillance. »
Évidemment, il y aura toujours un journal de la gôgôche encaviardée comme Collab… pardon, Libé, pour s’empresser d’expliquer que l’estrem droate récupère et détourne les propos d’une figure de la gauche, parce que cette gauche est tellement pétrie d’islamo-collaborationnisme crasse et de dégueuli relativiste qu’elle refuse de voir le réel : le fascisme, s’il existe aujourd’hui, est porté et incarné par les mouvances islamiques. Mouvances auxquelles d’aucuns ne méprisent pas à les soutenir en organisant des conférences avec leurs têtes de pont intégristes, en invitant à se rendre à des meetings de ces nouveaux réfractaires, ainsi, le parti de Clémentine Autain et le Front de Gauche appelant à se rendre au meeting du 11 décembre 2015 où prirent notamment la parole Marwan Mohammad et Tariq Ramadan. Ce sont les mêmes qui se rendirent à la manifestation de la honte du 10 novembre 2019, celle où des musulmans fanatiques hurlèrent, à proximité du Bataclan, « Allahou akbar ! » Évidemment, ils vous diront que cela faisait suite à l’attentat à la mosquée de Bayonne ; c’est étrange, on n’a pas entendu la France Insoumise sauf à Allah appeler à manifester pour soutenir les catholiques après les attentats dans les églises de Saint-Étienne-du Rouveray et de Nice… Bien entendu, ils vous diront qu’ils n’imaginaient pas que l’ « on » hurlerait cela, « qu’il y avait des abrutis », bref, les arguments de vils collaborationnistes qui, d’une part, ont fait semblant d’ignorer le pedigree des organisateurs de cette manifestation odieuse, le pedigree de l’abject CCIF, ressuscité en CCIE, qui profite du cheval de Troie de l’offensive des mouvances musulmanes intégristes, l’Union européenne ; vils islamo-collaborationnistes qui, d’autre part, s’évertuent à faire passer des fanatiques qui structurent un projet obscurantiste pour de « simples abrutis ». Les mêmes qui ont dit « je suis Charlie mais », « Mila l’a bien cherché » – souvenons-nous d’une ancienne cruche… Pardon, d’une ancienne candidate à l’élection présidentielle, « Vierge Marie » d’un PS qui n’en avait plus que le nom, fustigeant Mila, détournant le principe de fraternité pour en appeler, sans mot dire, au délit de blasphème. Les mêmes, encore, qui abandonnèrent Samuel Paty, livrèrent ses horaires de sortie et son adresse !
 
Il serait aisé d’affirmer que la gauche n’est plus de gauche, mais là n’est même plus l’essentiel. Non, malheureusement, le constat, la réalité, sont bien pires : la gauche française, dans l’écrasante majorité et de ses composantes et de ses représentants, n’a plus rien de républicain. La gauche française n’est plus républicaine au regard de la façon dont la France a pensé, façonné cet idéal, ce régime et les principes qui en sont le socle. Dès qu’un citoyen issu de ses rangs tentent de renouer avec le républicanisme, pensons ici à Fabien Roussel, elle le conspue, l’ « extrême-droitise », le livre à la lie de l’humanité.

La gauche a trahi tous ses combats et victoires historiques, elle a trahi la Nation. Elle détourne le regard de ces fondamentaux-là en feignant de penser – si elle le pensait réellement, elle démontrerait l’état généralisé de son abrutissement – que régler la question sociale réglera tout le reste. Pis, les islamo-collaborationnistes, qui prétendent pourtant combattre les réactionnaires, n’hésitent pas à apporter une caution morale, politique et intellectuelle aux pires d’entre eux ; ils font semblant de ne pas voir que les réfractaires aujourd’hui ne sont pas d’abord dans les églises, mais majoritairement dans les mosquées ! 
 
Notre combat est farouchement républicain, et aux Cordeliers, nous nous évertuons à démontrer la dynamique contre-révolutionnaire qui anime les prétendus « anti-fascistes », alliés de l’obscurantisme islamique, ennemis de la liberté. Rendons d’ailleurs hommage au grand peuple iranien qui se bat contre la théocratie, pour sa liberté, derrière ses femmes courageuses et déterminées !

Notre combat est total. Clemenceau avait affirmé, en 1875 : 

« La grande affaire à venir, c’est la victoire de la loi républicaine sur le dogme religieux, des droits de l’Homme sur les droits de Dieu ! » 
C’est malheureusement de nouveau la grande affaire à venir, notre grande affaire. Tout républicain qui se respecte doit se montrer intransigeant, radical, et le principe de laïcité l’est foncièrement. Je céderai le mot de la fin à un homme qui incarne l’effervescence révolutionnaire, le républicanisme radical, un homme de gauche, Jean-Paul Marat : 

« La société doit tolérer toutes les religions, excepté celles qui la sapent. »
 
Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia


[1] L’Assemblée nationale qui naquit des États-Généraux du Royaume et du Serment du Jeu de paume (20 juin 1789) avait pour tâche essentielle de donner une Constitution à la France. Elle était donc l’Assemblée Constituante.

[2] Patrie, patriote, patriotisme, sont probablement les mots les plus couramment usités par les révolutionnaires. La Patrie, c’est « la Terre de nos Pères », des Hommes libres. De fait, la Patrie, avec la Révolution française, devient « la Terre des droits de l’Homme et du Citoyen ». Le Patriote est par conséquent le combattant de la liberté. A souligner également le lien indéfectible, avec la Révolution, qui se tisse entre la Patrie et la Nation. La Nation, c’est tout à la fois le bien commun que le Peuple assemblé.

[3] Article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble point l’ordre public établi par la loi. »

[4] Je réalise actuellement une thèse de doctorat d’histoire moderne intitulée Les Antipolitiques d’Aix et leur réseau d’affiliation (1790-1795), une illustration de l’exercice démocratique pendant la Révolution française, dirigée par Hervé Leuwers, Professeur des Universités à Lille III.

[5] La Convention, première Assemblée Nationale de la République française, était divisée en trois « mouvances » aux contours parfois flous : la Plaine avait la majorité des sièges, c’était le centre de la Convention. Mais les députés les plus influents étaient à la fois ceux du côté gauche, les Montagnards, et ceux du côté droit, les Girondins.

[6] Il s’agit de la Constitution de 1793.

[7] On ne peut pas dire, en effet, que le grand écrivain eut pour caractéristique la stabilité des convictions politiques…

[8] « […] et non par des schismes incertains […] » Jaurès s’adressait aussi à Maurice Allard qui, lui, prônait l’athéisme d’État et donc l’interdiction du culte.

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia a grandi et vécu dans la banlieue Ouest d'Aix en Provence. Il est engagé dans des réseaux d'éducation populaire depuis une vingtaine d'années. Militant laïque, républicain radical, il réalise actuellement une thèse de Doctorat d'Histoire moderne sur la sociabilité politique pendant Révolution française. Il est également professeur de Karaté-Do et éducateur sportif professionnel.


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