La victoire des droites

        Malgré un battage médiatique qui lui a été largement favorable, la NUPES échoue à atteindre les objectifs fixés – souvenons-nous : « il y a un programme, il est chiffré, nous aurons la majorité », « lundi matin je serai chez moi et j’attendrai le coup de téléphone du Président de la République pour former mon gouvernement. » Cette alliance opportuniste qui a vu nombre de ses électeurs la rejoindre en se bouchant le nez voire en fermant les yeux – ceux de mes amis qui me lisent et qui ont passé 5 ans à cracher sur LFI pour finalement se soumettre au chantage du « leader minimo » – ne pèse qu’un quart des suffrages exprimés. Si nous ajoutons les élus de gauche qui ont eu suffisamment d’honneur pour ne pas se compromettre avec « La France Islamique », l’opposition dite « de gauche » plafonne à 29%. Aussi, contrairement à ce que nous répète à l’envi façon « 1984 » des médias bobocrates encaviardés, nous avons bel et bien assisté à une défaite cuisante du total gauche, qui ne pèse même pas 1/3 du corps électoral (Cf. hémicycle ci-dessous, merci Marc Lassort) ; d’ailleurs, les désaccords béants mis sous le tapis pour essayer de gagner l’ingagnable éclatent de nouveau au grand jour, hasard du calendrier dès le 20 juin, soit l’anniversaire du Serment du jeu de paume qui vit les députés du Tiers-États se proclamer Assemblée Nationale en 1789.  Le total gauche ne représente plus rien d’autre qu’un club de nantis qui s’appuie sur la racaille qui le boude – personne ne respecte la faiblesse –, qui soutient le lumpenprolétariat contre le prolétariat – oubliant ainsi la leçon d’Engels –, un club de bobocrates encaviardés pour l’heure encore à l’abri des maux qui rongent la plèbe et qui déverse ici et là un relativisme immonde, se complait dans un islamo-collaborationnisme de plus en plus abject. Bref, comme nous étions quelques-uns à le souligner dès avant la présidentielle, 30% répartis entre plusieurs familles politiques ne se transforment pas miraculeusement en 51% pour une famille réunie, d’autant qu’en politique 1+1 ne font pas nécessairement 2…
La sociologie de l’électorat NUPES est sans appel, elle est essentiellement bourgeoise, citadine, appartient aux vainqueurs de la mondialisation capitaliste. Rachel Kéké n’est que l’arbre qui cache la forêt. Par ailleurs, relevons que les médias n’ont pas montré d’emballement pour Lisette Pollet, également ex-femme de ménage, élue… RN ! Pour les médias prétendument progressistes, il y a le « bon prolo » et le « mauvais prolo ». La situation est schizophrénique depuis des lustres et atteint gravement la crédibilité, la légitimité d’une gauche qui n’en a plus que le positionnement dans l’assemblée – je suis radical-socialiste, convient-il de le rappeler ? – et qui a trahi tous ses combats et victoires historiques. Elle a renié dans les faits Jaurès, Clemenceau, Combes et même ceux qui les précédèrent. Peut-on sincèrement représenter le Peuple au sens plébéien du terme sans base populaire et en reniant les réalités et les besoins immédiats du Peuple – la théorie de Maslow, parfois contestée et pourtant si peu contestable, nous a appris que les deux besoins immédiats de l’être humain sont physiologiques et de sécurité, l’auto-réalisation et la résolution de problème n’étant que le sommet de la pyramide ? Nier les réalités est ce qui conduit un total gauche d’une extrême faiblesse à affirmer partout qu’il a gagné, qu’il est la première force d’opposition et à poser des émoticônes « LOL » pour masquer son incapacité à poser une réflexion de fond. La gauche n’a rien appris depuis le 21 avril 2002 ! A verser dans le réflexe pavlovien qui consiste à « extrême-droitiser » les principes et les préoccupations populaires, méprisés par la bourgeoisie « connectée » qui nourrit les électorats NUPES et LREM, on ne peut que poser la prétendue « extrême-droite » comme la seule alternative envisageable pour le peuple. 
 
Le mouvement néo-libéral présidentiel, en terme de sièges, gagne ces élections, mais la seule et insuffisante majorité relative, bien loin des nécessaires 289 députés, est un soufflet pour « Sa Majesté jupitérienne ». Le mépris de classe d’Emmanuel Jupiter Ier et de ses sbires néo-girondins est enfin lourdement sanctionné. Le pervers narcissique qui trône à l’Élysée et qui s’est offert le luxe de voler au-dessus des campagnes présidentielle et législative prend une déculottée sévère et n’aura évidemment (quasi) aucune ouverture à gauche ; il devra aller chercher des alliances et des compromis à droite. Assisterons-nous au retour d’un simili parlementarisme ? Il faut ici relever que ce serait cohérent, puisque le Parlement est le poumon d’une République – même sous la Vème, le gouvernement est responsable devant le parlement et non l’inverse. Une « République » ou le pouvoir exécutif a le primat est une monarchie, fût-elle élective. Nous pourrions vivre des moments politiques passionnants. Effectivement, si LR seul ne peut rien, le parti de la droite conservatrice est l’une des forces d’appoint sans laquelle le parti de la droite libérale ne pourra rien. Nonobstant, par l’organe de Christian Jacob, LR, qui a mené campagne contre le président réélu dans les conditions que l’on sait et à l’issue d’une mascarade anti-fasciste, a indiqué que LR ne participerait pas à un « gouvernement Macron ». Mais voilà que Jean-François Copé, qui n’en est pas à sa première « vallsitude », tend la main à Jupiter. Cela présage-t-il une nouvelle scission chez LR – et donc sa fin programmée ? Allons-nous vers un soutien conditionnel ? Emmanuel Jupiter Ier procèdera-t-il à une dissolution en cours de mandat ? Sans majorité absolue et privé d’alliances pour voter les textes d’importance, son gouvernement sera contraint à l’usage du 49/3, mais celui-ci engagerait une motion de censure et elle pourrait être fatale à un exécutif qui ne serait soutenu que par des alliances opportunistes, un exécutif impopulaire et faible, car délégitimé par sa politique de casse sociale, ses attaques répétées contre le modèle républicain français laïque et son mépris des humbles.
 
J’avais écrit au lendemain du second tour de l’élection présidentielle que nous allions vers des violences sociales terribles. Celles-ci s’ajouteront à l’instabilité et surtout aux conflits ethnico-religieux sanglants. La macronie n’est pas seule responsable de cette déliquescence, mais elle l’a considérablement accélérée, le point d’orgue ayant été atteint lorsque les hordes de barbares ensauvagés ont attaqué des familles de supporters au stade de France, sous les objectifs des caméras du monde entier, ce qui n’a pas empêché le pouvoir en place de se livrer à un honteux et odieux mensonge d’État, que le président paie aujourd’hui.
 
Le grand vainqueur de cette élection législative est donc le RN, qui, nourrit par un « vote castor » délétère qui a consacré l’idée d’une caste soucieuse de préserver ses privilèges contre le peuple qui souffre, a multiplié par 11 ses élus à l’Assemblée. Son assise populaire est  extrêmement forte, ce qui est normal puisque l’on dit au peuple que les réalités qu’il subit sont inexistantes et fascistes, tout en présentant comme fasciste le seul parti qui répond « elles existent et nous avons les solutions. » Relevons par ailleurs que le parti de Marine Le Pen totalise plus de députés que LFI seule – NUPES qui a perdu 53% de ces duels contre le RN, Cf. photo, merci Merc. Le vote de classe s’était considérablement renforcé au second tour de la présidentielle, il est installé durablement à l’issue de ces législatives. Quant au total droite, il représente ¾ des suffrages exprimés ; nous sommes donc loin, bien loin d’une dynamique et d’une demande de gauche.
 
 
        Concluons. Cette longue année de campagne électorale se solde par une très lourde défaite des républicains laïques et universalistes. Nos mouvements ont trop écouté les modérés et ont extrémisé les radicaux. Nombre des nôtres ont eu la sottise de croire que l’on pouvait rétablir la République sociale tout en votant pour une coalition dont le cœur, LFI, et parfois bien au-delà, vomit la laïcité, la Nation, le patriotisme, l’esprit d’impertinence français, bref, tout ce qui fonde la liberté du citoyen, condition sine qua non à l’égalité, mère de la République sociale et de la démocratie. Nombre des nôtres, des naïfs qui rejoignirent le Printemps républicain aux chevènementistes cocufiés dès l’annonce du gouvernement, des ex-LFI votant finalement NUPES aux utopistes attardés, ont crû réellement que l’on pouvait impunément obtenir une victoire avec ceux qui couchent avec les Frères musulmans, les salafistes, avec ceux qui ont défilé aux cris d’ « Allahou Akbar » à quelques centaines de mètres du Bataclan, en s’affichant avec ceux qui exhibèrent des étoiles jaunes ou qui crient « mort aux juifs ». Je n’ai de cesse de le répéter jusque sur le terrain : il faut arrêter de penser en termes de « gauche et droite » – sans toutefois disqualifier ces oppositions – mais raisonner en termes de qui est républicain et qui ne l’est pas, au sens où la France a façonné cet idéal et régime, en termes de qui fait passer les intérêts de la France, de la Nation, avant les intérêts de clan et/ou supranationaux. Vous avez refusé de le faire et vous avez de fait installé ce que vous appelez « l’extrême-droite » comme la seule alternative crédible. Nous, républicains laïques, démocrates et sociaux, sommes discrédités pour longtemps.
 
Enfin, en voyant que les mouvements et les militants les plus crasses de l’extrême-droite islamique – si vous cherchez l’extrême-droite et le fascisme, c’est de ce côté-là qu’il faut regarder – se passent désormais de la taqiya et peuvent vomir publiquement et sans filtres – c’est sans filtres qu’il faut ici retenir – leur haine de la République, de la laïcité, des homosexuels, des démarches soi-disant « inclusives », mouvements et militants désormais à deux doigts de pouvoir se passer de leurs immondes collabos, je me délecte de pop-corns. Je vais donc de nouveau m’en tenir à quelques publications purement informatives autour de conférences ou des « arts martiaux » et me replonge immédiatement dans ma « retraite » Facebook pour une durée qui sera ce qu’elle sera.
 

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia
 

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia a grandi et vécu dans la banlieue Ouest d'Aix en Provence. Il est engagé dans des réseaux d'éducation populaire depuis une vingtaine d'années. Militant laïque, républicain radical, il réalise actuellement une thèse de Doctorat d'Histoire moderne sur la sociabilité politique pendant Révolution française. Il est également professeur de Karaté-Do et éducateur sportif professionnel.


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