Siamo tutti fascisti ?

Siamo tutti fascisti ?
 
 
Les quelques semaines qui nous séparent des dernières élections législatives italiennes nous offrent encore leur lot d’analyses paresseuses au ras du bulbe et c’est une fois de plus avec regret que nous constatons qu’elles proviennent, pour l’essentiel, de ce que l’on appelle encore la gauche. Déjà, les quelques images amatrices de guerre civile en Suède – qui ont circulées sur les réseaux sociaux, peu ayant été diffusées par les médias de grande audience – nous avaient permis, sans que la nécessité ne fût toutefois de mise, de constater l’ampleur et du déni pathologique et de l’islamo-collaborationisme crasse du bobocrate encaviardé. Pourtant, même le Premier Ministre de Suède, la très sociale-démocrate Magdalena Andersson, reconnaissait l’échec de la politique d’intégration de son pays, pays qui, il faut bien le rappeler, n’a eu de cesse ces dernières années de s’évertuer à donner des leçons de « vivre-ensemble » à cette méchante République très très islamophobe qu’est la France. Le réveil scandinave est douloureux. Ainsi, Madame Andersson a déclaré : « L'intégration a été trop faible tandis que nous avons connu dans le même temps une immigration massive. Notre société a été trop inconséquente sur cette question [sans blague, ndlr], et les moyens alloués à la police et aux services sociaux, trop légers[1] », et d’ajouter, dans un écho de fait avec un certain Gérard Collomb, Ministre de l’Intérieur démissionnaire – à se demander s’il ne faudrait pas ici inverser les emplacements du nom et de l’adjectif : « Une telle ségrégation s'est installée dans le pays que, désormais, la Suède est compartimentée en sociétés parallèles. Nous vivons dans le même pays, mais dans des réalités complètement différentes ». Bref ! Ne nous égarons pas, retournons sous des latitudes plus chaudes et essayons de comprendre ce que peut signifier la victoire de Georgia Meloni – sans toutefois nous y enfermer. Effectivement, si les Cordeliers ne partagent pas les convictions politiques de la nouvelle Présidente du Conseil italien – écrivons un peu à la hâte « nationalisto-chrétienne » –, cela ne doit pas nous interdire, loin s’en faut, de poser un constat lucide sur des situations qui concernent tout l’Occident et, il faut le souligner, auxquelles la France résiste mieux que d’autres nations.
 
 
            Dans une émission du service public audiovisuel à destination de la gauche bourgeoise néo-chrétienne, néo-concordataire et vivre-ensembliste, un animateur sorti du placard semblait dire que la victoire de la candidate du parti postfasciste italien s’expliquerait pas le passé du pays. Voilà, la reductio ad Mussolinum. Ces italiens qui depuis des années, sont abandonnés par l’Union européenne relativement à la crise migratoire qui a pour partie résulté de la pulvérisation de l’État syrien, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, conseillé par un philosophe tête à tartes, ces Italiens qui ont affrontés seuls, abandonnés de tous, la situation tragique de Lampedusa, ne seraient que d’« ignobles fachos ». Il n’est pas étonnant que le bobocrate de la gôche des gens qui sont adorables et qui aiment les autres gens, sans ne jamais être eux-mêmes confrontés à ces réalités, se positionnât ainsi. Cette bobocratie prétendument progressiste fut plus choquée par le verdict des urnes assimilé au bruit sourd des bottes qu’aux injonctions néo-impérialistes de la kaiserine Ursula, qui n’est élue par aucun citoyen de l’UE. Meloni, – ancienne ? – admiratrice du tyran fasciste Mussolini, une européiste néo-libérale, serait l’une des illustrations de la peste brune. Relevons tout de suite que ces anathèmes et qualificatifs « tarte à la crème » sont précisément ceux dont ont été affublés pendant la campagne présidentielle Marine Le Pen et ses électeurs, présentés comme des bouseux ignares. En France également donc – nous avions précisé que nous ne nous « enfermerions » pas dans la configuration italienne –, pour les bobocrates de gauche, du centre et de la droite euro-compatible, les poussées électorales de ce que l’on qualifie trop hâtivement d’extrême-droite serait le signe d’une bascule dans le nationalismo-fascisme. Que nenni !
 
 
            Si le centre et la droite feignent, depuis 40 ans, d’adopter des postures fermes sur un certain nombre de sujets régaliens, la gauche elle, qui a trahi tous ces combats et victoires historiques, assume clairement depuis 40 ans au moins – et assurément depuis les recommandations communautaristes de Terra Nova – d’avoir abandonné le citoyen prolétaire. Ainsi, évoquer et exiger de parler de sécurité serait fasciste, de surcroît en préconisant le seul traitement efficace, le Karcher. Évidemment, lorsque l’on habite dans les beaux quartiers ou que l’on est un collabo du « caïdat », on peut se permettre ce type de sorties scandaleuses et stupides. Pis, la sécurité serait même une thématique du FN. Admettons éventuellement, j’écris bien éventuellement, qu’il y ait des traitements « de gauche » et « de droite », il n’y a aucune thématique du FN. Et si le FN est audible sur ces questions, c’est parce que les bourgeois préservés de ces situations – je peux le mesurer depuis mon enfance – les ont désertées, abandonnées au profit de ce qu’ils appellent l’extrême-droite – une extrême-droite qui se plie au jeu républicain et accepte le verdict des urnes, elle a bien changé, l’extrême-droite…
Évoquer l’immigration sous les angles, au choix ou cumulés, du contrôle, de la restriction ou la limitation, ou encore de l’arrêt, serait xénophobe ; si en plus vous liez la question de l’immigration à celle de l’insécurité – mais quelle idée, on se demande bien pourquoi ceux qui y sont confrontés régulièrement, pour ne pas écrire quotidiennement, le font –, vous êtes évidemment, aux yeux des gens de bien, un horrible xénophobe intolérant qui stigmatise des populations discriminées. Ainsi, seuls ceux qui viendraient du Sud de la Méditerranée – l’ôde à la diversité est très géo localisée –, ce qui est en partie mon cas, seraient victimes de discriminations, et pis, en plein racisme post-colonial décomplexé, maquillé de paternalisme bon teint, ceux-là seraient forcément des opprimés, même si l’histoire et les actualités peuvent démontrer tous les jours le contraire. Bref ! Voilà deux sujets essentiels sur lesquels la gauche s’est disqualifiée elle-même ; c’est beaucoup, d’autant qu’elle ajoute celui qui surpasse tous les autres : l’islam !
 
Les derniers résultats électoraux et la sociologie des votes démontrent que les échéances ne seront plus portées par les divisions quant aux exigences démocratiques ou au fantasme de la représentativité – même si elles existeront toujours – ni même, et c’est un enseignement fondamental à l’heure où la question du vivre bien, du fruit de son travail – une valeur de droite avons-nous récemment appris –, est à ce point une préoccupation majeure notamment des plus exposés aux ravages de la mondialisation néo-libérale, sur les oppositions en matière de politique économique et sociale – sans quoi LFI et EELV seraient très largement majoritaires, avant tout dans les classes populaires[2]. Non, c’est sur le rapport à l’islam que les enjeux électoraux se feront, que les camps politiques parachèveront essentiellement leur recomposition. Cette question de l’islam, de surcroît à la lumière de la révolution du grand Peuple iranien mené par ses femmes, sera la question majeure des 20 prochaines années au moins. Et sur la question du rapport à l’islam, la gauche s’est très clairement positionnée, elle a opté pour le collaborationnisme ! Bien entendu, et nous ne le soulignerons jamais assez, la droite a fait des affaires avec les frères musulmans et les salafistes, mais la gauche a été beaucoup plus loin. Renversant de fait la République laïque, tournant le dos à l’héritage dont elle est dépositaire, la gauche, dans toutes ses composantes, a apporté aux réseaux islamiques, y compris aux plus intégristes voire fanatiques, une caution morale, politique voire juridique, culturelle, intellectuelle. Elle n’a rien compris aux enjeux en la matière et va jusqu’à l’ignoble, en dédouanant, après chaque attentat islamiQUE, la religion d’Allah – elle ne prend pas autant de pincettes avec la religion catholique lorsque celle-ci se rappelle, et pour des faits de bien moindre gravité, à notre « bon souvenir ». Souvenons-nous d’ailleurs des propos du grand Salman Rushdie à l’occasion d’un entretien à L’Obs, le 8 juin 2017 : « Je suis en désaccord fondamental avec ces gens de gauche qui font tout pour dissocier le fondamentalisme de l’islam. […] cette évolution historique a eu lieu au sein de l’islam et non à l’extérieur. Quand les gens de Daech se font sauter, ils le font en disant "Allahou Akbar", alors comment peut-on dès lors dire que cela n’a rien à voir avec l’islam ? Il faut arrêter cet aveuglement stupide[3]. »
 
Insécurité, immigration, islam, la gauche française n’a rien appris depuis le 21 avril 2002 ! Elle pousse même l’orgueil jusqu’à quasiment affirmer qu’elle est sortie victorieuse des dernières législatives, toute honte bue. Quand le total gauche, y compris hors NUPES, ne représente pas – ou tout juste – 1/5ème des députés de l’Assemblée Nationale, il n’y a ni victoire ni surprise, simplement la branlée du siècle ! Nonobstant, ne nous y trompons pas ; il n’y a pas un basculement de droite de la société française, mais un basculement à droite, ce qui n’est pas exactement la même chose. Si les forces de droite nationaliste ou extrême sont aussi puissants, c’est parce que face à l’absence de solutions et aux dénis de la gauche, du centre et de la « droite modérée », ces composantes se saisissent des sujets qui préoccupent les citoyens exposés et livrés à la racaille que certains s’évertuent encore à faire passer pour des prolétaires. Ils seraient inspirés de relire Engels[4].
Le républicanisme français ne s’est pas fondé sur la compromission face aux ennemis du peuple ni face à la religion, bien au contraire. A l’heure où nous menons une lutte à mort contre l’obscurantisme, les forces républicaines françaises ont le devoir de raviver les Lumières de la Raison, le combat laïque, par essence radical, et la lutte acharnée contre un « caïdat » qui pourrit la vie des plus modestes et qui, ces dernières années, a commencé à attaquer les centres-villes « connectés » –  la retraite paisible du bourgeois « donneur de leçons » pourrait prendre fin – ; à défaut de le faire, elles ne doivent pas s’offusquer de voir des Le Pen ou des Méloni tirer les marrons du feu.
 
 
Les Cordeliers pensent qu’il existe une place en France, aujourd’hui encore, pour un républicanisme radical, laïque, qui affronte l’insécurité culturelle, l’obscurantisme islamique, les questions migratoires, avec la même vigueur que l’épineuse question sociale !
Il serait amusant, si les conséquences n’étaient pas aussi tragiques, de constater que l’immigrationnisme fou défendu par la gauche nourrit le capitalisme néo-libéral, mais surtout, constatons que les prétendus progressistes, en refusant de contrôler l’immigration et en condamnant moralement l’assimilation, principe émancipateur, sont par là même les alliés objectifs de projets politiques ouvertement réactionnaires, servent sur un plateau d’argent des idées rétrogrades, assassinent la liberté. La liberté d’ailleurs, la démocratie, la République sociale, ne peuvent advenir sans la laïcité, cible privilégiée des musulmans intégristes et du projet islamiQUE – les nouveaux réfractaires ne sont pas catholiques mais musulmans – depuis des décennies ; réseaux islamiques fascisants, pourtant soutenus vent debout par des mouvements politiques qui chantent Bella ciao et clament Siamo tutti Antifascisti. Au fond, face à un tel islamo-collaborationnisme, on peut affirmer que ne sont pas fascistes qui l’on croit…
 
Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia
 
 


[1] Citation tirée de l’article de Paul Sugy, pour le Figaro : https://www.lefigaro.fr/international/emeutes-en-suede-l-integration-des-immigres-est-un-echec-selon-la-premiere-ministre-20220429
[2] Il me faut ici évoquer ce président de centre socio-culturel élu d’opposition, membre du Parti de Gauche, qui me reçut enharnaché de son écharpe rouge vif, de son chapeau de paysan et de sa barbe jaurésienne – l’affichage vulgaire est souvent la marque de la fragilité des convictions – et qui voulait exiger de sa secrétaire qu’elle travaillât à temps plein payée… à temps partiel ! Elle votait Front national…
[3] Cf. site du Comité Laïcité République : https://www.laicite-republique.org/salman-rushdie-sur-l-islamisme-il-faut-arreter-cet-aveuglement-stupide-l-obs-8.html?fbclid=IwAR0_czTOpM0nLd4tPGYOrf8LuC0cTtdepHggsnQkqiPPVxiwZfuiRr3m794
[4] « Le lumpenprolétariat, cette lie d’individus dévoyés de toutes les classes, qui établit son quartier général dans les grandes villes, est de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille est absolument vénale et importune. Tout chef ouvrier qui emploie ces vagabonds comme gardes du corps, ou qui s’appuie sur eux, prouve déjà par là qu’il n’est qu’un traître au mouvement. » Friedrich Engels, La guerre des paysans en Allemagne, 1870. 
 

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia a grandi et vécu dans la banlieue Ouest d'Aix en Provence. Il est engagé dans des réseaux d'éducation populaire depuis une vingtaine d'années. Militant laïque, républicain radical, il réalise actuellement une thèse de Doctorat d'Histoire moderne sur la sociabilité politique pendant Révolution française. Il est également professeur de Karaté-Do et éducateur sportif professionnel.


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