Compte-rendu de lecture d’ouvrage d’histoire ancienne – Lee

Compte-rendu de lecture d’ouvrage d’histoire ancienne – Lee

A.D. Lee, « L’Empire oriental : de Théodose à Anastase », in The Cambridge Ancient History, Vol. 14 : Antiquité tardive : Empire et successeurs (A.D. 425 – 600), Cambridge, 2000, Chapitre 2.


A. Doug Lee est professeur d’études classiques et d’Histoire ancienne à l’Université de Nottingham. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence dont War in Late Antiquity (2007), Diplomacy between Rome and the barbarians (2008) ou plus récemment, Roman warfare and violence in late antiquity (2020). Dans le volume 14 du Cambridge Ancient History, chapitre 2, il centre son propos sur la partie orientale de l’Empire romain, et plus précisément sur les basculements qui s’opèrent après le court mais très troublé règne d’Arcadius – conflits avec Alaric, pillages des Huns, déposition de l’évêque Jean Chrysostome, … L’historien questionne les relations entre les deux parties de cet immense Empire romain, faites de suspicions et de rivalités, mais aussi de coopération et de reconnaissance politique réciproque. Amorçant son étude à partir du long règne de Théodose II, petit-fils du premier du nom, analysant les crises graves de l’Empire jusqu’au début du VIème siècle, Lee interroge : pourquoi la partie orientale de l’Empire a survécu alors-même que la moitié occidentale tombait ?

Théodose II – Vie politique
A.D. Lee précise que Théodose n’avait pas eu de réels pouvoirs pendant sa minorité et souligne que celui-ci était aux mains de nombreux officiers de cour, comme le préfet du prétoire Anthémius. Nous noterons, suivant l’analyse de l’historien, qu’une fois adulte, il ne manifesta guère davantage d’inclination pour l’exercice de ce pouvoir. Néanmoins, son intérêt pour les questions théologiques et savantes fut évident. Le patronage littéraire de la cour de Constantinople aboutit à réformer l’enseignement universitaire dans la capitale et à la production du code théodosien. Le Code théodosien, élaboré de 429 à 437, est un travail de Droit de première importance qui tend à démontrer que le Vème siècle n’est pas celui de la décadence romaine. Il recueille les constitutions impériales depuis Constantin, soit 312, classées en seize livres. Il assure notamment à l’Église certains privilèges tout en la plaçant sous le contrôle impérial. L’œuvre, majeure, est publiée en Orient le 15 février 438, et sera également investi en Occident, qui le promulguera le 23 décembre 438. Cette effervescence dans la production littéraire ou juridique, le rôle croissant des femmes de la famille impériale – Pulcherie et Eudocie – ou de courtisans – Cyrus ou Chrysaphios –, ne doit pas occulter l’importance de figures militaires comme les généraux barbares au service de l’Empire, tels Flavius Ardabur ou Flavius Zenon, usurpateurs potentiels. En effet, depuis le règne d’Arcadius, père de Théodose II, l’Empereur avait abandonné le commandement militaire. A contrario d’un Hadrien voyageant aux confins de son Empire, ou d’un Marc-Aurèle ayant vécu une quinzaine d’années de son règne hors de Rome, les Empereurs orientaux des Vème et VIème siècles vivaient aux confins de leurs palais et assumer la pourpre impériale. Au contact permanent des dignitaires de la cour, les Empereurs, au premier rang desquels Théodose II, étaient certes plus vulnérables aux usurpations des généraux ambitieux, mais également préservés en cas de défaites militaires. Cela ne devait pas empêcher Théodose de récupérer habilement à son profit le succès de certaines campagnes – contre les Parthes en 421-422 ou à l’Ouest en 425, contre l’usurpateur Jean, en soutien à l’Empereur Valentinien III. De surcroît, la pratique de la chasse, associée à la guerre, permettait à Théodose de compenser son manque d’engagement militaire. C’est donc en établissant un nouveau corpus de vertus impériales reposant sur des valeurs chrétiennes dominant la cour de Théodose, que l’Empereur allait s’assurer une image forte : la pietas et l’ascétisme révélaient un intérêt primordial pour les affaires religieuses.

Théodose II – Affaires religieuses
Le règne de Théodose est marqué par des débats théologiques amorcés au siècle précédent. En effet, Constantin avait amené une autre dimension de la piété impériale : l’harmonie avec l’Église. Et depuis le concile de Nicée en 325, cette Église était catholique – étymologiquement « universelle ». Pour autant, aucune mesure pénale à l’endroit des pratiques païennes ou même hérétiques ne s’étaient révélées véritablement efficaces – Lee évoque notamment les nombreux Goths aryens qui servaient dans l’armée de Théodose, parfois à des hauts grades. Au centre des querelles, la nature du Christ : humaine et divine ? Nestor d’Antioche, nommé évêque de Constantinople par Théodose, proposa que l’on formulât que « Marie soit mère du Christ » et non plus « de dieu », mais il entra alors en conflit avec l’emblématique patriarche d’Alexandrie, Cyril. En effet, ce dernier avait mené à Alexandrie une lutte sévère contre les juifs, les hérétiques et les païens – était-il lié à la mort d’Hypathie en 415 ? Partisan du Théotokos, il sortit vainqueur de ce duel contre Nestor au Concile d’Éphèse, convoqué par Théodose en 431, qui, en souverain pragmatique, après avoir soutenu l’évêque de Constantinople, avait finalement approuvé le verdict qui le condamnait. Ces querelles théologiques ne s’étaient pas éteintes après près de deux décennies, à tel point que Théodose convoqua un second concile d’Éphèse en 449 et que le Pape Léon s’immisça dans le conflit. Ainsi, l’historien explique que ces rivalités ecclésiastiques et de prestige avaient une dimension tout à la fois théologique et politique à laquelle Théodose était particulièrement sensible. Ne peut-on évoquer ici le « césaropapisme » ? Si le mot est anachronique, il traduit bien la volonté de l’Empereur d’assumer des fonctions spirituelles, tout au moins théologiques, concurrençant de facto les autorités ecclésiastiques.

Théodose II – relations étrangères
Sous le règne de Théodose, la mobilisation armée n’était pas tournée vers l’Empire perse sassanide. En effet, Dee précise que bien plus imminente était la menace hun dans le bassin du Danube. De surcroît, les troubles dans la partie occidentale de l’Empire avaient été l’occasion pour l’Orient de manifester sa solidarité. Par exemple en 410, lors du sac de Rome par Alaric, lequel n’avait pas pour but d’affaiblir l’Empire, mais de renégocier les termes de son foedus avec Honorius, alors dans sa résidence impériale à Ravenne, plus proche de la frontière. Dans cet événement où Honorius choisit de sacrifier son peuple et sa capitale plutôt que son pouvoir – et d’où Alaric sortit perdant –, c’est quatre-mille hommes que Théodose avait envoyé. Quinze ans plus tard, il veillait à l’installation sur le trône à Rome de Valentinien III. Voilà qui nous rappelle que pour les contemporains, s’il y a une division administrative entre l’Orient et l’Occident, il n’y a qu’un seul Empire, et les autorités qui gouvernent les parties orientales et occidentales se reconnaissent réciproquement. Après la prise de Carthage en 439 par les Vandales, chrétiens homéens, puis de la Sicile en 441, Constantinople fait étendre ses murailles le long de la mer. Mais sous le règne de Théodose, ce sont bel et bien les mouvements des Huns qui dictent la politique étrangère – les troupes envoyées à l’Ouest sont rappelées. Après l’invasion de la Thrace en 422 par les Perses, le roi hun Rua négocie un paiement annuel de 350 livres d’or. Ses héritiers Attila et Bléda profitent de la volonté romaine de maintien de la paix dans les Balkans pour renégocier les termes du foedus mais le renient – l’Illyrie et la Thrace sont envahies en 441-442. Attila exigea 2100 livres d’or et d’importants arriérés de paiement. Dee explique que cette situation pesa si lourdement sur le trésor que même les familles sénatoriales furent mises à contribution. Attila se détourna finalement vers l’Ouest, où il fut vaincu en 451 aux champs catalauniques par Aetius, à la tête d’une armée composée de Romains et de fédérés germains. La mort d’Attila en 453 et la fragilité de son empire éloignèrent le péril hun des héritiers de Théodose, mort en 450.

Les successeurs de Théodose – Marcien
C’est un général de l’armée des Balkans, Marcien, qui fut proclamé Empereur.  Mais son avènement ne fut pas reconnu par Valentinien III. Sans doute son mariage avec Pulchérie, la sœur de Théodose, allait-il lui conférer une légitimité dont le geste de Valentinien le privait. Aussi se pencha-t-il sérieusement sur les questions ecclésiastiques, qui intéressaient son au épouse au premier chef, et tenta-t-il de gagner les faveurs du Pape Léon. Marcien convoqua donc un concile œcuménique à Chalcédoine, en 451. Il s’agissait de déterminer la nature du Christ. Si Marcien paraissait un « nouveau Constantin » et avait amélioré les relations entre les deux capitales de l’Empire, le concile qu’il avait convoqué, voulant proposer un compromis théologique, renforça néanmoins les antagonismes entre les factions – nestorianisme et monophysisme étaient condamnés et Marcien dut user de la force militaire pour maintenir des évêques favorables au concile de Chalcédoine à Alexandrie et à Jérusalem. Notons que non seulement l’intérêt de l’Empereur pour les controverses théologiques ne s’était pas démenti mais qu’en plus il jouait de toute son influence pour organiser – ou tenter de le faire – l’Église dans l’Empire oriental.

Sur le plan militaire et diplomatique, Marcien obtenu de francs succès : en 451-452 à l’Est contre les Arabes, en 454 en Pannonie contre les Huns. A.D. Lee précise de surcroît qu’il laissait à ses successeurs un trésor de plus de cent-mille livres d’or.

Les successeurs de Théodose – Léon
Si l’armée avait jouait un rôle dans l’ascension de Marcien, celui-ci fut confirmé dans sa succession en 457. Léon bénéficia en effet du soutien des chefs alains Aspar et Ardabur, lesquels exercèrent une emprise trop forte au début de son règne. Il se résolut à les faire assassiner en 471, alors qu’il bénéficiait du soutien d’un autre chef barbare, issu lui d’Isaurie, Tarasicodissa, qui prit le nom grec de Zénon, plus prestigieux – nous pensons à Zénon d’Élée.

Léon souffrait d’un déficit de légitimité : Valentinien III avait été assassiné en 455 et il n’y avait pas de femmes de la maison de Théodose pour assurer un lien dynastique convenable. C’est semble-t-il la dimension religieuse qui lui permis de palier ce déficit, par le biais d’abord d’un cérémonial plus élaboré qu’auparavant – Lee évoque un affichage liturgique nouveau. De surcroît et relativement à l’orthodoxie chalcédonienne, il est question d’une continuité entre les règnes de Marcien et de Léon : des mesures contre les païens et les hérétiques (exclus par exemple de la profession de juriste) étaient le prix à payer pour la stabilité religieuse en Orient. Nonobstant, la politique diplomatique et militaire de Léon fut désastreuse. Tout d’abord avec les Goths – un foedus liait un chef barbare à un Empereur, pas un peuple du Barbaricum, même intégré, à l’Empire. Aussi, l’assassinat d’Aspar avait généré des révoltes qui avaient perduré jusqu’en 473. S’en était suivi le règlement de 2000 livres d’or par an à Théodoric Strabon ou encore le cuisant échec de la campagne dirigée contre les Vandales pour reprendre Carthage. Un naufrage financier pour l’État – Dee précise que des sources évoquent 64 000 livres d’or.

Les successeurs de Théodose – Zénon                                             
L’historien souligne un paradoxe qui entoure l’avènement de Zénon : s’il paraissait être le général le plus crédible pour assumer le pouvoir – ce qui semble confirmer le rôle prépondérant de l’armée alors-même que les dignitaires de la cour exerçaient un grand pouvoir – il dût faire face à de nombreux usurpateurs. Ainsi, Basiliscus et Marcien (de 475 à 479), qui, évincés, s’appuyèrent sur des préjugés anti-isauriens ; puis Illus et Léontius, isauriens eux-mêmes, qui menèrent des révoltes (de 484 à 488). La politique diplomatique et militaire de Zénon consista à élaborer une stratégie de destruction mutuelle des groupes Goths rivaux dans les Balkans, très proches de la capitale : celui originaire de Thrace, commandé par Théodoric Strabon, hostile à Zénon, et celui originaire de Pannonie, dirigé par Théodoric l’Amale, qui avait soutenu Basiliscus. Le premier chef, échouant à prendre Constantinople en 480 – la ville est imprenable –, mourait en Grèce où il s’était retiré. Le second finit par mener son peuple en Italie en 485 dans le but de défier le chef skire Odoacre. Odoacre était ce général barbare au service de l’armée romaine qui avait déposé Romulus-Augustule en 476 et fait parvenir ses insignes impériaux à Constantinople, pour signifier son allégeance. Or, dans les faits, les barbares de l’Ouest se passaient de l’autorité romaine et la chute de la partie occidentale de l’Empire faisait de Zénon le seul dépositaire de l’héritage romain, désormais limité à ce qui avait été sa moitié orientale.

Fidèle à la pratique orientale justement, Zénon s’immisça dans les débats théologiques dans le but de préserver la stabilité religieuse. Voulant mettre fin aux polémiques post-Chalcédoine, il fit publier le Henotikon  (« acte d’union ») en 482. Il fut soutenu par le patriarche de Constantinople, Acace. Compromis incertain qui condamnait Nestor et approuvait les douze anathématismes de Cyril, il ne reçut pas partout un accueil enthousiaste. Les monophysites extrémistes le rejetèrent et le Pape Félix III fut révolté, menaçant l’Empereur et le patriarche de la capitale d’excommunication. Ici réside un premier schisme – le « schisme acacien » – entre Rome et Constantinople. Mais le Henotikon assurait une harmonie ecclésiastique en Orient, laquelle consolidait le pouvoir de Zénon. Quant aux nestoriens, se savant minoritaires, ils s’établirent d’eux-mêmes en Perse.

Les successeurs de Théodose – Anastase                                        
C’est un officiel du palais âgé de 60 ans et s’inscrivant dans l’orthodoxie de la foi, Anastase, qui fut proclamé Empereur. L’historien nous précise que l’absence de lien dynastique était toujours problématique, mais celui-ci fut compensé une fois encore par le cérémonial d’avènement – de la stabilité religieuse. De surcroît, la veuve de Zénon, Ariadne, l’épousa – de l’importance des femmes de la cour. Anastase dut s’atteler au problème isaurien, suite à l’éviction et l’exil de Longinus, frère de Zénon – des bastions tinrent en Isaurie jusqu’en 498. À l’instar de ses prédécesseurs non issus de l’armée, il sut capitaliser sur ses succès – panégyriques, triomphes, … Du fait de révoltes fréquentes dirigées contre lui, souvent dans des lieux de divertissement, il fit interdire des jeux et abolir des taxes, dont le chrysargyron. C’est un réformateur fiscal que présente Dee, évoquant la politique monétaire d’Anastase, laquelle avait entraîné une baisse de l’inflation et une augmentation du niveau de vie pour les gens ordinaires. On estime que tout au long de son règne, le trésor aurait accumulé 320 000 livres d’or. Néanmoins, à l’instar de Vespasien au Ier siècle, la politique fiscale d’Anastase lui valut une réputation d’avarice.

En matière religieuses, Anastase, qui a des velléités de théologien, s’inscrit également dans le souci de préserver la stabilité ecclésiastique en Orient. Pour autant, ses sympathies pour les monophysites conduisent le patriarche de Constantinople, Euphème, originaire de Syrie et favorable à la réconciliation avec Rome, à exiger de l’Empereur de s’engager à ne pas abroger Chalcédoine. Anastase finit par le déposer. Ces hostilités réciproques entres pro-Chalcédoine – Macédonios, successeur d’Euphème – et monophysites – Sévère – étaient prégnantes également à Antioche. Anastase, moins soucieux de la réconciliation avec Rome que de la stabilité en Orient, adopta une position moins neutre en 511 – décret d’inclusion de la phraséologie monophysite dans la liturgie – et proposa même habilement son abdication pour éteindre les émeutes dans la capitale. À cela s’ajoutait la révolte du général Vitalien, qui tenta en vain de prendre Constantinople en 513 et 514.

En matière de relations étrangères, Anastase mena une politique différente de ses prédécesseurs. Si les contacts s’étaient pacifiés avec l’Afrique vandale, l’Empereur eut fort à faire sur le Danube, pour contenir les poussées des « Bulgares ». Mais le fait majeur réside dans les relations relativement stables entre empires romain et perse. Si les deux rivaux se livrèrent deux guerres brèves, chacun dut concentrer ses forces sur ses frontières, face aux pressions de peuples nomades – Kavadh, roi sassanide, contre les Hephthalites, Anastase contre les Arabes et les Bulgares. Anastase en profita pour renforcer les défenses de l’Empire et construire une forteresse à Dara, sur la frontière sassanide – le limes n’était pas conçu comme une ligne défensive mais comme une route le long des frontières avec des avant-postes de l’armée romaine. Voilà donc qu’en ce début de VIème siècle, les deux empires les plus puissants en Orient, deux « ennemis héréditaires », se voyaient contraints à des relations stables, dans lesquelles le savoir-faire diplomatique  d’Anastase pesa de tout son poids.

Epilogue
E.D. Lee précise qu’il n’y a pas de réponses évidentes à la pérennité de l’Empire romain en Orient alors qu’il était tombé en Occident. Il propose néanmoins plusieurs pistes de réflexion. Ainsi, la rivalité des généraux qui se partageaient le commandement militaire en Orient, contrecarrés par le poids important des officiels de la cour de Constantinople, contre un généralissime en Occident et des intrigues qui avaient dévalué l’autorité du trône impérial. Par ailleurs, au plus fort des crises orientales d’usurpation, on n’envisagea jamais de supprimer le trône.

Les Empereurs de l’Ouest n’avaient pas été confrontés aux querelles théologiques qui avaient déchiré l’Orient, mais ces questions religieuses avaient permis aux Empereur de l’Est de réinvestir la pietas augustéenne et de façonner un nouveau corpus de vertus impériales. Cette forme de « césaropapisme » témoignait de la volonté des Empereurs d’établir une forme de contrôle sur l’Église et de leur souci de maintenir la stabilité religieuse en Orient, au plus fort des luttes – pour ou contre Chalcédoine, le Henotikon, … –, laquelle assurait une certaine assise de leur pourvoir. Se pose la question largement débattue – et particulièrement prégnante dans l’inconscient collectif – des « invasions barbares », sur les deux parts de l’Empire. Nous noterons que contrairement à des idées largement répandues, cet Empire résiste et peut compter sur des hommes énergiques – à l’Ouest, Stilichon ou Aetius, dont on dira qu’il était « le dernier des Romains », image d’Épinal qui entretient probablement certaines croyances  – et compétents – Dee souligne l’œuvre administrative et fiscal d’Anastase à cet égard. Mais l’Orient résiste mieux, disposant de son grenier à blé, l’Égypte, sans discontinuité, alors que les provinces d’Afrique étaient passées aux mains des Vandales. Toujours est-il que l’historien nous invite à ne pas nous laisser gagner trop hâtivement aux idées reçues couramment admises. Son propos induit qu’il peut y avoir déclin – démographique par exemple, et notons qu’il n’emploie jamais le mot – sans qu’il y ait décadence – une crise de la créativité notamment – sauf à considérer que des œuvres telles que Les confessions d’Augustin d’Hippone ou les Codes théodosien et justinien sont les symptômes de quelque décadence.

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia

Jean-Baptiste Chikhi-Budjeia a grandi et vécu dans la banlieue Ouest d'Aix en Provence. Il est engagé dans des réseaux d'éducation populaire depuis une vingtaine d'années. Militant laïque, républicain radical, il réalise actuellement une thèse de Doctorat d'Histoire moderne sur la sociabilité politique pendant Révolution française. Il est également professeur de Karaté-Do et éducateur sportif professionnel.


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